Jean Rondeau, pourquoi faites-vous ce spectacle ?
« Quelque chose se passe, quelque chose change, disait Cosetta
Graffione. Au travers de ce spectacle, j’aimerais pouvoir changer certaines
choses, ou plutôt redonner un sens véritable à ces choses tant oubliées parfois
aujourd’hui : l’art, le beau, l’esthétique, la véritable générosité, le
don, l’humilité, bien trop mis à l’écart généralement dans la danse et la
musique contemporaines au 21ème siècle. Et puis, quand ce sont les
deux en même temps. »
N’êtes-vous pas un peu exigeant, dur ?
« J’ai l’impression aujourd’hui que les spectacles autour de la
danse contemporaine et la musique cherchent à déranger. En tout cas, pour mon
histoire personnelle, c’est exactement ce qui se produit ! Je suis dérangé !
Je réagis, je ne reste pas indifférent et donc encore moins muet. On estime que
l’évolution, le changement dans l’art réside dans l’innovation, mais on
considère outre mesure l’innovation comme un carrefour uniquement d’idées où la
beauté n’aurait pas de place. La seule chose qu’aujourd’hui j’ai envie de
déranger, c’est ce dérangement-là, que l’on peut vivre au cours de spectacles
de danse ou musique contemporaine. Cela ne veut pas dire que je souhaite avoir
un public qui envisage des spectacles simples, avec des codes de composition
facilement lisibles, « rassurants » ; le but n’est pas accorder
la virtuosité technique du piano au service d’une recherche sur le silence...
La musique que j’envisage pour « Sinami » doit être capable de
bouleverser la perception du spectateur et en même temps, de laisser son
imagination libre de choisir sa propre sensibilité, sans donner forcement une
direction.»
Comment Cosetta Graffione et vous-même comptez y parvenir ?
En redonnant une véritable valeur à la danse et à la musique, arts qui
le méritent tant ! Est-ce qu’on va y arriver avec Cosetta ? C’est de cette
question que doit découler un travail humble et douloureux, une inspiration
attentive et ouverte, une réalisation dans le don et l’écoute de soi et de l’autre…
libre à vous de vous laisser bercer dans le silence !
Propos
recueillis par ASR, journaliste et écrivain culturel.
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